Historique

Moutier a été fondé autour des années 650. A la base, Moutier n’était qu’une forêt que les moines Saint-Randoald et Saint Germain, arrivés de Luxeuil, ont défriché.

Par la suite, ils ont construit une collégiale ainsi que d’autres bâtiments. Moutier s’est agrandi avec les années pour aboutir à ce que l’on connaît de nos jours. Dès 1950, la localité de Moutier est considérée comme une ville.

Enserrées dans un cirque grandiose de moyennes montagnes, Moutier et sa région, au cœur du Jura suisse, possèdent un passé étonnant.

Un examen superficiel pourrait se borner à constater que la Prévôté – c’est le nom de la contrée – n’est qu’une vallée entaillée par des gorges profondes où coule la Birse. La réalité est tout autre.

Moutier, bien avant le percement des tunnels ferroviaires, était un passage obligé.

Flairant l’intérêt de ce site bien protégé avec des ouvertures vers l’Est et le Nord, Germain de Trèves fonde vers 640 un monastère qui donnera son nom à la cité et sera au Moyen Age un centre intellectuel et religieux de l’importance de Saint-Gall.

Il n’en reste que la chapelle de Chalière, ornée de fresques du XIe siècle, une Bible d’Alcuin déposée au British Museum de Londres, les voûtes romanes de la collégiale et l’emblème que perpétue le drapeau prévôtois.

Arrivée de la Transjurane

De tout temps, le Pays prévôtois a été le lieu de rencontre des Jurassiens du Nord et du Sud et le siège d’associations faîtières.  Après la facture plébiscitaire des années septante, la ville s’efforce de reconquérir sa vocation de cité d’accueil au cœur de l’Arc jurassien. L’Assemblée interjurassienne y a installé sa chancellerie.

Il est vrai que Moutier possède de réels privilèges pour affirmer sa vocation de carrefour jurassien : nœud ferrovière sur l’axe Bâle-Genève, avec une fenêtre qui s’ouvre, par le tunnel du Weissenstein, vers Soleure et le Plateau suisse.

Lieu de passage des véhicules venant de Suisse alémanique en direction du Nord du Jura et de Bâle, la région bénéficie, avec la prochaine arrivée de l’autoroute Transjurane à proximité immédiate de ses murs, d’un atout considérable pour son développement économique et touristique.

Car n’oublions pas que la Prévôté possède depuis plus d’un siècle un savoir-faire exceptionnel dans le domaine de la machine-outil.

Son produit phare, le tour automatique à poupée mobile, a porté bien haut le nom de la cité sur les cinq continents.

Il a engendré dans tous les quartiers de la ville et dans les villages voisins l’ouverture d’ateliers et d’usines où s’exprime le génie mécanicien du lieu.

Avec le décolletage et l’horlogerie, la verrerie, autre facette du génie prévôtois, complète la diversification industrielle de la région.

Site géologique d’importance européenne

L’attrait majeur du Pays prévôtois réside sans nul doute dans les célèbres gorges, imposantes concrétions calcaires tombant à pic dans la Birse et que l’on qualifie à juste titre de site géologique d’importance européenne.

Les horizons barrés par le cirque de montagnes incitent les plus hardis à regarder vers le ciel et à escalader, avec cordes et pitons, les nombreuses parois qui, en véritables cathédrales naturelles, tentent d’accrocher les nuages qui passent et les étoiles qui scintillent.

Les gorges de Moutier figurent en bonne place dans le guide Michelin et les varappeurs viennent de loin pour pratiquer leur sport favori.

Mais avant Michelin, le poète allemand Goethe, qui a séjourné dans la ville, les avait découvertes, leur consacrant un texte fameux, avec toute la puissance et l’exaltation de son ardeur romantique.

La région prévôtoise dispose également d’un équipement touristique et de loisirs très complet : une magnifique piscine, une patinoire artificielle, quatre courts de tennis dont un couvert, une piste d’athlétisme, un terrain de football, une halle d’équitation, un dojo (judo-club), un parcours vita, un parc zoologique et des parois d’escalade permettent aux Prévôtois et à leurs hôtes de pratiquer des loisirs actifs et bienfaisants.

Les amateurs de randonnées pédestres ont l’embarras du choix. En effet, Moutier et sa région constituent le point de départ d’innombrables excursions sur les montagnes des environs : Raimeux, Graitery, Montagne de Moutier et Moron, pour ne citer que les sommets les plus proches.

A leur pied, la Birse, véritable artère des cluses jurassiennes, s’est frayée un passage dans le plus beau défilé de la chaîne du Jura suisse.

Aux premiers jours du printemps, les pêcheurs sont là, surveillant les mouvements rapides des truites, nous rappelant que la pêche en rivière est un loisir populaire très prisé des Prévôtois.

Avec le Musée jurassien des beaux-arts, celui du tour automatique, le Martinet de Corcelles, la maison du banneret Wisard à Grandval, les fresques de la chapelle de Chalière, les vitraux de Coghuf à la collégiale Saint-Germain, ceux de Manessier à l’église Notre-Dame et les sculptures modernes disséminées dans son espace public, le tourisme culturel représente en Prévôté une réalité bien vivante.

Trait d’union entre les diverses régions du Jura, Moutier et le Pays prévôtois illustrent avec fidélité et splendeur tout ce qui fait le charme du Pays jurassien.

Francis Erard

Source : « Le Pays prévôtois, Moutier et sa région »

Edition Pro-Jura, Moutier